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Histoire de notre commune, extraite du fascicule :

D’Armand Decour, écrit en 1961 et rectifié en 1980,

 

« Petite Histoire de Bettant ».

 

 Avant Bettant, histoire de la région               jusqu’en 1321

 La guerre dans le bas Bugey                          1321-1355

 Bettant sous la maison de Savoie                  1355-1601

 Bettant sous l’ancien régime                         1601-1789

 Bettant hameau de Saint-Denis                    1789-1835

 Création de la commune                               1835

 

           

Avant Bettant, histoire de la région, jusqu’en 1321.

 

 

Les Ligures puis les Celtes habitèrent cette contrée, les deux peuples fusionnèrent et les Bugistes d’aujourd’hui sont pour les trois quarts de leur sang leurs descendants.

Trois villages gaulois se partagèrent le Bugey, les Ambarres à l’Ouest (provenance du nom d’Ambérieu), les Allobroges au sud (région de Belley) et les Séquanes au nord (le haut Bugey).

C’est par le Bugey que Jules César envahit la Gaule, probablement par la cluse des Hôpitaux-Albarine. De nombreuses traces subsistent dans la contrée, temples, aqueducs, tombeaux, inscriptions.

Lorsque les barbares envahirent l’empire Romain, le Bugey fut occupé par les  Burgondes, peuple doux et pacifique.

Les Francs vainquirent les Burgondes et le Bugey subit le sort des divers royaumes Francs puis de l’empire de Charlemagne ;

C’est à cette époque que notre province subit une invasion des Sarrasins.

En 843, partage de l’empire, le Bugey, fit parti du royaume de Lothaire. Le royaume de Bourgogne absorba en 933 le royaume de Provence qui faisait partie de notre région.

En 1032, le dernier roi de Bourgogne céda son royaume au saint Empire Romain Germanique. Le Bugey en fit partie jusqu’en 1601. L’empereur, loin, se désintéressa de son nouveau domaine qui passa sous la coupe d’un régime féodal qui s’installa d’une manière anarchique. Le pouvoir temporel se partagea entre un grand nombre de seigneurs laïques ou religieux. Ces derniers, (évêque de Belley, abbayes) dominèrent le Bugey.

La région d’Ambérieu, des bords de l’Ain jusqu’à Villebois faisait partie au XII  siècle de la puissante « sirerie » de Coligny. En 1220, Béatrice de Coligny épousa le sire de la Tour du Pin et lui apporta en dot, Le Revermont et le Bas Bugey.

A la fin du XIII siècle, leurs descendants devinrent dauphin de Viennois et la région se trouva être Dauphinoise. Dans le même temps, la maison de Savoie avait pris pied dans le Bugey par l’est annexant le pays de Belley, le Valromey, la Michaille et la terre de Saint Rambert.

Les deux maisons rivales de Dauphiné et de Savoie se trouvèrent en compétition et il en suivi de longues guerres sanglantes.

 

  La guerre dans le bas Bugey, (1321-1355).

     

Il est difficile de savoir quand le territoire de Bettant reçu son nom. C’est un fait que Bettant, au milieu du XIV siècle dépendait déjà de Saint Denis en Bugey dont il partagea le sort jusqu’en 1835.

La première mention connue du nom de Bettant date de 1283 d’après les chartres de la Tour de Douvres, sans préciser s’il agit d’un lieu dit ou d’un lieu habité. Ce qui est certain, c’est qu’en 1358, Bettant était bien un village.

L’étymologie du nom de Bettant, orthographié autrefois Betans ou Bettans est obscure.

On a pensé à betula (Bouleau) à cause de la présence de cet arbre, à abbatia (abbaye) à cause de la dépendance ancienne du village voisin d’Ambutrix envers l’abbaye de Saint Claude. La finale « ans », inconnue dans le Bugey, est très fréquente dans la Dombes et d’origine Burgonde. L’opinion la plus récente est que le nom de Bettant, ancienne orthographe Bettans, vient de Butto, nom d’homme germanique, avec la finale « ans » qui désignait un domaine, donc domaine de Butto.

A cette époque où Bettant entrait dans l’histoire, la guerre faisait rage dans toute la région et Bettant se trouvait au point le plus critique.

Le comte de Savoie qui possédait déjà le Bugey oriental et central, avait étendu son autorité sur la Bresse. Il voulut s’ouvrir un passage vers son nouveau domaine

En 1316, il attaqua le Bourg fortifié et le château de Saint Germain et s’en empara. Il s’empara également d’Ambérieu qui fut ruiné pour longtemps et de Saint-Denis alors appelé Chousson (d’où le nom de Chausson)

En 1325, les armées dauphinoises et savoisiennes se livrèrent une sanglante bataille dans la plaine de l’Ain près de château de Varey.

Les savoisiens furent écrasés et la maison de Savoie bloquée dans sa marche ambitieuse vers l’ouest. Elle se tourna vers l’Italie où l’on connaît le destin prodigieux qui l’attendait. Ils conservèrent Ambérieu et Saint-Germain mais perdirent Saint-Denis en Bugey et sa bastille.

Le territoire de Bettant  redevint Dauphinois et l’Albarine fut la frontière entre les deux états dominé par la forteresse ennemie de Saint-Germain.

En 1349, le Dauphinois devint français par la volonté de son dernier souverain. Désormais Bettant était sur la frontière de la France et resta sur cette position 6 ans. La guerre continua comme avant entre les garnisons des deux châteaux rivaux de Saint Germain et de Saint-Denis ravageant leurs territoires réciproques. La terrible épidémie de peste noire de 1349 ajouta ses ravages à ceux de la guerre et la famine et décima la population.

En 1355, la France et la Savoie résolurent les difficultés par un échange de territoire et une rectification de frontière. Celle-ci fut marquée par le Rhône (de Lyon au confluent du Guiers). Le Bugey tout entier passa sous l’autorité de la maison de Savoie sauf la terre de Nantua qui ne fut annexée qu’en 1423.

       

Bettant sous la maison de Savoie (1355-1601).

    

En 1358, le comte de Savoie sépara de la châtellenie de Saint-Germain le territoire récemment acquis situé au sud de la rivière comprenant le château de Saint-Denis et les villages de Saint-Denis et Bettant. Il en fit une seigneurie qu’il inféoda à son chancelier Girard d’Estrées moyennant l’introge de 2200 florins d’or. La seigneurie fut vendue et changea fréquemment de main.La qualité de « Seigneur » ne put être gardée par aucune famille.

La paix régna jusqu’en 1536 lorsque François Ier arguant de son ascendance (sa mère étant née princesse de Savoie au château de Pont d’Ain) annexa par la force la Bresse et le Bugey. Cette occupation de 24 ans fut détestée par les nobles, les ecclésiastiques et les Bourgeois.

La condition des paysans fut améliorée par l’affranchissement des sujets taillables et mainmortables.

En 1559, la Bresse et le Bugey furent rendus à la Savoie en suite du traité de « Cateau-Cambrésis » De nouveau la bannière de Savoie flotta sur la forteresse ducale de Saint-Germain.

En 1595 Henri IV reprit à son compte les revendications sur les deux provinces sœurs et proposa en échange le marquisat de Saluces. Devant le refus du duc de Savoie, il fit envahir la Bresse, une expédition attaqua et sans doute détruisit les deux châteaux qui dominaient Bettant. En 1600, le Bugey fut envahi et tous les châteaux forts détruits C’est de ce temps que datent les ruines gigantesques qui donnent un caractère particulier au paysage.

En 1601, par le traité de Lyon, les deux provinces de Bresse et du Bugey devinrent Françaises. Elles furent rattachées au domaine de Bourgogne mais conservèrent leurs lois et coutumes ainsi que le statut de pays d’élection.

     

Bettant sous l’ancien régime (1601-1789)

 

 

Bettant, sous l’ancien régime, formait une communauté jumelée avec celle de Saint-Denis. Les délibérations étaient transmises à Saint-Denis par les deux syndicats. L’accord ne régnait pas toujours, de 1779 à 1785, les habitants de Bettant refusèrent obstinément de participer aux frais de refonte des cloches de Saint-Denis. Contestations et problèmes avec les particuliers et les communes à propos des droits de pâturage, d’exploitation des bois. Bettant possédait une petite chapelle De vicariale, elle fut en 1770 érigée en annexe. Cette chapelle a du être bâtie en 1723, car à cette date, des fondations et des dons furent fait pour la construction d’une église, pour son entretien et pour la célébration du culte. Cette chapelle toute modeste qu’elle était, était leur bien et leur donnait un premier sentiment d’indépendance. Plus pratique, elle évitait de recourir à la lointaine église de Saint Denis.

A cette époque, les terres et les vignes appartenaient aux seigneurs du voisinage, les habitants, pour vivre, devaient recourir à eux en leurs offrant leurs service. Il y avait les fermiers et les vignerons. Les principaux seigneurs de l’époque étaient le seigneur de Saint-Denis, les deux coseigneurs d’Ambérieu, le seigneur de la Barre (Saint-Germain), le seigneur de Tiret, le curé doyen de Varambon, l’abbaye de Saint-Rambert etc. le niveau de vie des gens du village à cette époque était très bas.

   

  Bettant hameau de Saint-Denis (1789-1835).

 

    La révolution fut marquée au village par deux évènements importants :

- la suppression des redevances dues aux seigneurs, les biens ayant été confisqués.

- la démolition définitive du château de Saint Denis dont une tour fut sauvée de justesse.

Certaines propriétés seigneuriales et ecclésiastiques furent mises en vente comme biens nationaux mais les habitants étaient trop pauvres pour pouvoir les acheter à leur gré. Ils optèrent mais souvent ne purent pas payer. Ce n’est que dans une suite de longues années qu’ils devinrent enfin maitres des terres qu’ils cultivaient et que leurs ancêtres cultivaient depuis de nombreuses années.

Le village dut fournir, comme c’était l’usage, quelques recrues aux armées de la république. François Orban devait avoir un sort particulièrement glorieux. Il avait vingt ans lorsqu’il quitta le village en 1798. Pour commencer, il prit part à la campagne d’Italie, puis participa aux guerres de la république et de l’empire. Il parcourra les routes de l’Europe, Italie, Autriche, Allemagne, Espagne, Prusse peut-être aussi Russie. Il fut décoré de la légion d’honneur pour un fait glorieux. Il s’élança dans les rangs ennemis renversant tous ceux qui s’opposaient à lui jusqu’à ce qu’il ait atteint et tué le porte-étendard. Il ramena le drapeau ennemi à son colonel. Il fut fait prisonnier après la bataille de Leipzig. En 1815, il se retrouvait sur le champ de bataille de Waterloo aux ordres de l’empereur comme Maréchal des logis dans la compagnie d’élite du 4 eme régiment de lanciers, la seule qui combattit successivement les Anglais et les Prussiens. Cet enfant de Bettant fit des prodiges de valeur. Alors qu’un de nos corps d’armée était en déroute, il tua de sa lance le général Anglais Ponsonby. Après sa mise en congé, François Orban qui n’avait reçu aucune récompense pour sa courageuse conduite (mais il a eu l’honneur posthume des historiens), revint au village qu’il n’avait pas revu depuis dix sept ans et où on le croyait mort. Il se maria, cultiva son modeste bien et vécu jusqu’en 1848 dans le culte de l’empereur et du drapeau tricolore.

Autre fait marquant, en 1814, le village connut une grosse émotion. Une armée autrichienne, venant de Bourg, arrivait à Ambérieu, marchant sur Pierre-Châtel, forteresse du Bugey. Une poignée de soldats, cinquante à soixante, gardaient le défilé des Balmettes. Des paysans, n’écoutant que l’amour du sol natal, virent les rejoindre, armés comme ils pouvaient. Les Autrichiens, au nombre de deux mille, renforcés de cavalerie et d’artillerie, les attaquèrent. Les nôtres installés dans les rochers se défendirent si bien qu’ils contraignirent les ennemis à reculer puis les mirent en fuite leur causant des pertes cruelles. Ce fait d’arme a été immortalisé par un monument érigé un siècle plus tard en 1914 dans la gorge sauvage des Balmettes.

L’empire tombé, les rois revinrent et se succédèrent. Sans s’inquiéter des changements de régime, à force d’épargne et de labeur, les gens acquéraient terres, prés, vignes et bois.

Le moment était proche ou tant de patience, de courage et de travail allaient trouver leur récompense.

     

  Création de la commune (1835)

     

Saint-Denis, chef lieu de la commune, se réservait le poste de maire, laissant à Bettant le poste d’adjoint. Or la population de Bettant s’était développée au point qu’elle égalait et parfois même surpassait celle de Saint Denis. Trois kilomètre séparait les localités, par le jeu de la disposition géographique, leurs territoires respectifs étaient nettement séparés. La dépendance des gens de Bettant leur pesaient d’autant plus que la seigneurie n’était plus qu’un lointain et détesté souvenir.

Le 7 décembre 1830, une pétition signée d’un grand nombre de chefs de famille fut envoyée au préfet de l’Ain pour demander la séparation de Bettant d’avec Saint-Denis et son érection en tant que commune. Cette pétition énumérait les nombreux arguments qui justifiait cette demande, parmi lesquels nous relevons :

-                      Les 130 chefs de famille qui habitent le village payent entre eux plus de sept mille francs de contributions directes par années.

-                      Ils sont laborieux, économes, en général riches ou dans l’aisance.

-                      Ils possèdent exclusivement tous les immeubles de leur territoire.

La question relevait en premier lieu du conseil de l’arrondissement de Belley. Celui-ci, malgré l’avis favorable du sous-préfet, vota par trois fois l’ajournement, dans ses séances des 8 janvier 1833, 15 juillet 1833 et 27 juin 1834.

Le conseil général de l’Ain, saisi à son tour de la question, se prononça ainsi dans sa séance du 15 juillet 1834 :

 

« Le conseil est d’avis que le bourg de Bettant, commune de Saint-Denis, arrondissement de Belley, doit être érigé en commune distincte et séparée de celle de Saint-Denis et que l’érection de cette nouvelle commune ait lieu promptement. »’

 

La demande fut également appuyée par le comte d’Angeville, député de l’Ain le 5 avril 1835.

Cependant, les habitants de Saint-Denis, par la voix de leur maire, envoyaient des protestations au préfet, au ministre de l’intérieur, et jusqu’à sa majesté le roi de France en son conseil d’état.

Le désir trop bien fondé des habitants de Bettant l’emporte finalement et une ordonnance royale du 18 août 1835, signée par Adolphe Thiers, ministre de l’intérieur, érigea en commune particulière la section de Bettant, distraite de la commune de Saint-Denis et fixa les limites de cette dernière commune et la nouvelle.

 

En 1836, l’existence de la commune de Bettant était effective.

 

L’adjoint Broise, principal artisan de la victoire, avait bien mérité la reconnaissance de ses concitoyens qui le portèrent maire de la nouvelle municipalité.

Désormais, le village se trouvait maître de ses destinées et cela au moment ou la prospérité  s’affirmait. Une école fut ouverte aussitôt. Déjà en 1828, la chapelle, fermée au culte depuis la révolution, avait été ré-ouverte. Sa façade avait été reconstruite cette même année. Une nouvelle église, consacrée en 1877, fut construite pour remplacer l’humble chapelle.

 

 

 

Les maires depuis 1836

 

     
BROISE François   1836 11 ans
TISSOT-GUERRAZ Eloi   1847 1
GALLET Benoit   05/1848 1848 4
TISSOT-GUERRAZ Gaspard    1852 1
RINGUET François-Xavier    1853 8
GALLET François    1861 9
GUERRY Claude-Joseph    1870 6
PITTION Pierre François   1876 2
GALLET François  1878 6
PITTION Claude-François    1884 12
TISSOT-GUERRAZ Jean-Louis    1896 12
DECOUR François-Léopold    1908 21
TISSOT-GUERRAZ Marius    1929 13
MERMET Emile   1942 2
PERNET Marcel    1944 1
GALLET Jean-Baptiste    1945 1
PETIPAS Henri    1946 1
PERNET Marcel    1947 6
PETIPAS Henri    1953 10
RINGUET Prosper    1963 2
DEVAUX Charles    1965 18
MIQUET Jean-Pierre    1983 18
FEZZOLI Jean-Félix    2001

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